Le salon LendIt est un ensemble de conférences sur l’univers du prêt et donc, du crowdlending (financement participatif par prêts). La version européenne s’est tenue du 10 au 11 octobre dernier, l’occasion de se faire une idée de comment est perçu l’avenir du crowdlending en Europe et en France. Surtout avec les changements réglementaires devant survenir (mais dont la validation par décret se fait toujours attendre).
Voici les points qui ressortent de ce salon.
Un marché de plus en plus imposant
En 2015, et pour la première fois, plus d’un milliard d’euros a été récolté en Europe Continentale via le crowdlending. Ce qui démontre sa vitalité tout comme son retard sur ses voisins plus ou moins éloignés. Durant la même année, le Royaume-Uni a récolté 4 milliards, les États-Unis 33 milliards et la Chine 96 milliards.
La France est le plus grand marché européen en représentant un tiers du montant prêter, soit 350 millions d’euros. C’est peu mais les marchés européens peuvent profiter de l’expérience des précurseurs américains et anglais et n’ont donc plus tout à inventer. Ce qui laisse penser que l’Europe pourrait rapidement gagner en importance et en volume.
Toutefois, le secteur du crowdlending reste « jeune » et connaît encore des évolutions notables. Comme la spécialisation et la diversification des plateformes et l’intérêt grandissant des institutions dans ce mode de financement alternatif.
Des acteurs de plus en plus spécialisés
Bien que la carte dessinée par la FPF ne concerne que la France et prend en compte les trois types de crowdfunding, elle révèle une réalité : beaucoup de plateformes existent. Et assurément, beaucoup vont apparaître. Pour survivre, les plateformes prennent souvent le chemin de la spécialisation : le type de titres pouvant être émis (ex : minibon), le type de projets mis en ligne (associatifs ou économiques), les secteurs privilégiés (ex : immobilier, écologique, etc), la localité, etc.
Ou au contraire diversifiés
Certains choisissent le chemin de la diversification en développant d’autres offres (notamment en élargissant le type de crowdfunding proposé : don, prêt, investissement et autres déclinaisons).
Ou en s’exportant à l’international pour accroître la taille de leur marché. Bien que cela signifie que les plateformes devront faire face à des réglementations et mœurs différents. D’où l’importance des institutionnels.
Les institutions arrivent !
Le crowdlending, comme le crowdfunding en règle générale, est né d’un désir de désintermédiation et de proximité : mettre en contact direct les emprunteurs et les prêteurs et éviter une certaine opacité.
Les institutions financières se sont tout d’abord positionnées en concurrence, puis en partenariats (même si certaines frictions subsistent) et commencent enfin à investir via les plateformes. Où font directement le lien avec elles : leurs sites renvoyant vers les plateformes en fonction des projets ou du financement demandé. La présence de banques ou autres spécialistes traditionnels auprès des plateformes a pour effet de réconforter les autres institutions qui investissent à leur tour. Ce qui leurs permet (entre autres choses) de valoriser autrement leurs fonds en diversifiant leurs placements. Et de participer au développement du secteur du crowdfunding : les particuliers sont également plus rassurés de voir un institutionnel investir.
Certaines plateformes font d’ailleurs aujourd’hui du cofinancement : prêteurs particuliers et institutionnels. Et il est probable que la relation institution-crowdlending ne fera que s’étouffer davantage.
Tout comme les premiers problèmes et doutes
Avec le développement des marchés, la multiplication des acteurs et certains événements internationaux (Brexit) surviennent logiquement les premiers problèmes ; notamment ceux du défaut de payement des emprunteurs. La nécessité de faire du chiffre pour être rentable peut avoir un effet pervers. Toutefois, les cas du Lending Club aux États-Unis et des arnaques en Chine ont servi d’avertissement pour les plateformes européennes. Nous pourrions parler d’une recherche d’équilibre entre l’absolu nécessité de notoriété des plateformes et celui de trouver de nouveaux projets pour faire survivre lesdites plateformes.
La France a de ce point de vue un coup à jouer puisqu’elle régule « fermement » le marché du financement participatif. Les plateformes françaises peuvent alors mettre en avant leur professionnalisme et la stabilité de leur cadre. La première qualité d’une plateforme est en effet sa capacité à sélectionner des projets sûrs pour des prêteurs parfois amateurs. La confiance (entre plateformes et prêteurs) est le maître mot.